jeudi 20 décembre 2012

Pognon : suite et fin (enfin presque)


Aujourd’hui, en ces temps troublés de renouvellement de mon visa et alors que je sombre une fois de plus dans les affres de la bureaucratie, je fais l’effort de mettre fin au suspense insoutenable qui vous tenaille.

Ce mardi fatidique, en apprenant que ma carte ne marche pas, je réponds tout simplement : « OK, je reviens avec du cash alors. »

Car il me suffit d’aller retirer au distributeur…

…n’est-ce pas ?

Je me précipite donc à l’ATM le plus proche – quelques blocs plus loin – dans l’optique de le dévaliser. Comme la machine m’oppose cruellement un plafond de retrait, je dois empocher l’argent en plusieurs opérations distinctes : une fois, deux fois…

Et la BIM ! Fonds insuffisants. « Quelle est cette sorcellerie, pensé-je, cela ne se peut ! Moi, moi qui croule sous l’or ! » (Ah, voilà, j’en vois venir avec leurs sourire angélique et leurs « tu sais que tu as toujours été mon meilleur ami ? ». Premièrement quand je dis "crouler", c’est une énorme supertasse hyperbole, et surtout je suis un radin notoire.)

J'avais bien fait la démarche d'augmenter le plafond de retrait avant de quitter la France, mais apparemment il n'était pas encore assez haut. A ce jour je n'ai toujours pas très bien compris où j'en suis.

A ce stade là, c’est la panique totale, je ne sais pas comment je vais pouvoir payer le jour-même. Je décide donc d’aller ouvrir mon compte en banque à la Bank of China, formalité que j’avais soigneusement oublié de remplir jusque là, pour cause de procrastination aigue. En effet, me dis-je, avec un compte en banque, je peux transférer de l’argent en 24h environ, ce qui résout le problème.

Je m’adresse donc à un employé (en anglais bien sûr), qui me remet gentiment un formulaire à remplir.

Formulaire chinois, écrit en chinois, à remplir en chinois.

Je commence à déchiffrer, mais abandonne au bout de 10.2 secondes pour courir à ma chambre et traduire la feuille dans son intégralité, à tête reposée et à main armée (d’un dictionnaire).

Sauf qu’évidemment, pour que les banques acceptent de m’ouvrir leurs portes, il me faut un numéro de téléphone. Formalité qui – oh ! Quelle surprise – m’était également sortie de la tête. Je sprinte donc jusqu’au kiosque à journaux le plus proche pour acheter une carte SIM.


Par chance pour l’ignare que je suis, j’ai avec moi un petit livret d’accueil fourni le matin même, lors de l’inscription, qui me recommande chaudement un certain forfait. 

Devant moi, en train de parlementer avec le vendeur, se trouve un autre étranger, aidé de deux étudiants chinois – ou arnaqué avec leur complicité, c’est à voir. J’interromps leur laborieuse discussion et demande en chinois la carte que je veux, m’enquiers du prix et boucle la transaction en 15 secondes chrono.

Résultat : l’étranger croit que je suis parfaitement au fait des différentes options de télécommunications chinoises et me demande si je peux l’aider, ce à quoi je réponds : « non », avant de m’enfuir en courant (en vrai j’ai été légèrement plus poli, parce qu’en me prenant pour un connaisseur il avait flatté mon égo de sinisant débutant).

Je réapparais donc triomphant au seuil de la banque, le sourire aux lèvres, brandissant bien haut mon formulaire rempli et mon téléphone fonctionnel.

Mais je ne sais pas quoi en faire, moi, du formulaire. J’interroge donc une employée qui me rit au nez (minute éducative : le rire est parfois signe de gêne chez les Chinois) avant de me confier à des étudiantes qui passent par là et sont capables de parler anglais.
En fait je dois prendre un ticket et attendre mon tour.

J’attends dix minutes et, voyant la lenteur avec laquelle la horde de clients est prise en charge, je me lasse et décide de revenir deux heures plus tard.

Mais sur le chemin de ma chambre j’apprends que les transferts mettent en réalité non pas 24h pour arriver mais une dizaine de jours, ce qui rend complètement inutile la solution que je pensais avoir trouvée à mes problèmes de paiement.

Je rampe donc jusqu’à ma chambre, abattu, persuadé que Tsinghua va m’expulser et que je vais finir à la rue. Je lance des appels à l’aide à la France via Internet interposé, sauf que bien entendu, avec le décalage horaire mes sauveurs potentiels roupillent tous profondément. Je me vois obligé de me connecter sur le site de ma banque pour « tchater » avec une « conseillère » (c’est beau la technologie). Je lui demande donc de relever mon plafond de retrait hebdomadaire, avant de pouvoir finalement pleurnicher auprès de mes parents qui en remettent une couche auprès de mon établissement bancaire, au cas où.

Comme la manœuvre ne prend pas effet immédiatement, je retourne en tremblotant au guichet du pognon pour demander un délai un peu plus long. Une personne différente – plus jeune et parlant anglais – m’accueille et me dit : « ben oui, t’as qu’à revenir vendredi en fait ».


Conclusion : j'ai couru partout pour rien.

dimanche 2 décembre 2012

Tianxiang : le retour de la revanche

Cher lecteur, chère lecteuse, oui, je t’ai encore abandonné(e) deux longues semaines, ce qui fait de moi un être mauvais, maléfique même, du genre à faire cuire des chiots au four microonde. Mais la bonne nouvelle c’est que mon récit dépasse maintenant le cap du premier jour pour passer à celui de… mon inscription ! Maintenant on a seulement deux mois et demi de retard, je ne sais pas si tu mesures le progrès.

Le jour J, je me pointe donc au Foreign Student Office, armé de mon petit stylo, de mon dossier et de mes photos d’identité.
Sur les papiers d’admission il était écrit que j’avais besoin d’un porte-avion et demi de photos d’identité. J’avais donc fait l’immense effort d’aller dans une boutique chinoise pour m’en faire faire, ce qui n’avait pas été une mince affaire : la photographe me disait de tourner la tête à gauche ou à droite, mais comme je n’avais pas encore appris quel mot voulait dire gauche et quel mot voulait dire droite, je me tournais systématiquement dans la mauvaise direction. Au final elle a été obligée de déplacer son appareil pour que je sois bien de face.

Bref, je me présente à l’inscription avec des photos sur lesquelles je ressemble à un mix entre un Quasimodo sociopathe et un pingouin assoiffé de sang.

Au final, il ne faut bien évidemment que 4 ou 5 clichés, je n’ai donc pas besoin de fournir ces portraits dignes d’un film d’horreur à ma nouvelle université.

Même si j’arrive aux premières lueurs de l’aube, la queue est déjà longue pour s’inscrire. On me tend une feuille expliquant la marche à suivre à chaque bureau.

Je dois en premier lieu remplir un formulaire, ce que je m’empresse de faire avec mon petit stylo (haha, je me félicite de ma prévoyance), avant de doubler tout le monde dans la queue (j’ai pas fait exprès)(c’est vrai).

Et là SURPRISE ! On me dit qu’il fallait utiliser leurs stylos fournis sinon ça marche pas. Je ne comprends pas trop leur racisme styloïque mais bon, je me plie lâchement à leur idéologie.

Je dois donc repasser avec leur stylo tout ce que j’ai écrit, sous le regard plus ou moins ultra-méga-furax de ceux que j’ai doublé et qui aimeraient bien m’égorger.

Après avoir rempli ces quelques formalités vient le moment d’aller au Bureau Du Pognon pour payer.

Et là la vieille mégère me rend ma carte bancaire en m’annonçant quelque chose du genre : 这张卡不行 (autrement dit : « elle marche pas ta carte mon coco »).


Dans le prochain épisode, vous découvrirez ce qui arrive à Tianxiang, qui ne peut payer sa scolarité. Sera-t-il jeté à la rue ? Deviendra-t-il clochard sur la place Tiananmen ? Ou bien continuera-t-il à faire des cliffhangers de malaaade ?