Bon… Le
deuxième semestre commence déjà et j’ai à peine commencé à parler du premier…
Que faire, réfléchissons…
Et bien oui,
l’avantage c’est que je peux maintenant résumer dans cet article tout ce que
j’ai eu à dire au fil du semestre précédent sur mes cours et mes professeurs,
et conclure intelligemment avec tout le recul accumulé ! Qu’est-ce que je
suis malin dis donc !
Comme je
l’ai dit, une fois le nombre de mes camarades réduits à 8, j’ai un peu
pris peur. D’abord parce que 8 c’est peu, mais aussi parce qu’après avoir
étudié le chinois pendant trois ans au lycée, j’avais l’impression d’avoir un
peu d’avance (genre trois ans quoi) sur le reste de la classe, qui pour la
plupart n’avait jamais assisté à de véritables cours de chinois. Or ma théorie était la suivante : « pour
être tiré vers l’avant, mieux vaut être dans une classe de haut niveau, quitte
à être attaché par les pieds et traîné à terre par la tête du troupeau ».
Bien que mes
camarades n’aient pas mis bien longtemps à me rattraper, niveau challenge, ça
allait. Disons que mes notes dans chacune des matières ont été respectivement
de 98%, 98% et 98%. Ce qui n’empêche pas que j’ai appris énormément de choses. En
fait, ma réussite s’explique essentiellement par la méthode de travail EX-EM-PEU-LAIREUH
que j’ai mise en place (oui je me la pète parce que contrairement à l’année
dernière elle ne consiste pas à faire des pauses d’un quart d’heure entre chaque minute de
travail).
Bon je n’ai
rien inventé hein, je n’ai fait qu’utiliser un spaced repetition software qui répond au doux nom d’Anki.
Mais
qu’est-ce qu’un spèïsse de répéticheune soafetouère, me demandez-vous ?
Et bien
c’est un logiciel qui repose sur le principe scientifique prouvé selon lequel
pour retenir une chose il faut la rabâcher jusqu’à ce qu’elle nous sorte par les yeux. Mais là où Anki
devient génial c’est qu’il propose un rabâchage intelligent.
Voici
comment se présente le logiciel.
Il te montre
une « carte » avec par exemple un caractère chinois, ou un mot anglais
à traduire, et ne donne la réponse que lorsqu’on appuie sur un bouton.
Mais en
fonction de la difficulté qu’on éprouve à répondre, on peut appuyer sur
plusieurs boutons qui ont les significations suivante :
Mais c’est
trop izi loool ! -> Révision dans 4 mois.
Mais c’est
trop izi ! ... Attends j’réfléchis… Mais vazy AT-TAN j’te dis, j’y suis
presque, tu m’Ankiquines à la fin ! C’est bon j’ai trouvé… -> Révision
dans 1 semaine.
AAaaarhh
nooon pas encore, mais c’est quoi ce mot ?! Tuez-mooOôiiiii… ->
Révision dans 5 minutes, et encore dans 5 minutes, et encore, et encore,
jusqu’à mémorisation du mot ou internement en hôpital psychiatrique.
En
appliquant cette méthode d'intervalles à durées variables, au moment où ton cerveau s’apprête à oublier quelque
chose, BAM tu le choppes en flagrant délit et tu lui hurles dessus « non
non, tu retiens ! », ce qui s’avère plutôt efficace (haha, ça lui
apprendra, non mais).
En revanche
c’est un chouya rébarbatif et puis
surtout, il faut bien passer une petite heure par jour à rentrer manuellement
dans le logiciel tous les mots appris en cours.
Car ne
l’oublions pas, je n’ai pas passé mon semestre à étudier en ermite dans ma
grotte, j’ai bel et bien eu des cours qu’il convient maintenant de décrire.
Il faut
savoir que les cours de chinois, d’après mon expérience, suivent tous un même
modèle extrêmement standardisé : apprentissage du nouveau vocabulaire,
lecture à haute voix du texte (en chœur comme des robots - c’est un peu la
version vocale de la marche au pas), puis étude de la grammaire. Ensuite, les
professeurs sont largement responsables de l’intérêt du cours, par la clarté de
leurs explications, par la qualité de leurs supports de cours, et par les
exercices et contrôles de connaissances qu’ils mettent en place.
Par exemple,
la première prof que je vais vous décrire plus en profondeur, était, sur
l’intégralité de ces points, nulle à chier.
S’il y a
bien une prof sur laquelle mon opinion est restée à peu près constante au cours
du semestre, c’est la prof de General Chinese. Cette chère Lu Laoshi
(Professeur Lu), très vite surnommée Lao Laoshi (Professeur Vieille) par
l’ensemble de ma classe, n’aura évolué qu’imperceptiblement dans mon estime,
passant de « nulle » à « franchement nulle ».
Elle n’a
pourtant pas fait preuve de l’autoritarisme dont je la soupçonnais au début,
mais au contraire de méthodes pédagogiques vieillies et aussi inutiles à son
autorité que le sont des ailes à l’envol d’une autruche.
Déjà, ne
sachant pas expliquer, elle ne le faisait tout simplement pas, ce qui étant un
tantinet problématique vu son métier. Son seul ressort était ses exemples, tous
plus inutiles les uns que les autres puisqu’au lieu de développer ou de
paraphraser leur sens à l’aide de synonymes, elle les déclinait à l’infini, du
genre :
« J’ai
*mot mystère* manger cette pomme. J’ai *mot mystère* boire cette bouteille.
J’ai *mot mystère* lire ce livre. J’ai… »
Au final on
ne savait toujours pas si le mot mystère voulait dire « fini de »,
« prévu de » ou « unilatéralement et anticonstitutionnellement prohibé
sous peine de mort de », et on en était réduit à chercher dans le dictionnaire.
Précisons aussi qu’elle nous sortait toujours des exemples dénotant
aussi bien sa niaiserie que son manque d’imagination (soit dit en passant, le
dessin de la note précédente est 100% véridique, nous avons effectivement
étudié ce mot et cette phrase précise lors du premier cours). Par exemple, chaque
fois qu’elle voulait illustrer le point de grammaire « non seulement… mais
aussi… », elle prenait la pose de Hamlet contemplant son crâne et
déclamait : une pomme, on peut non
seulement la manger mais aussi
la REGARDER. Voilà. Donc pensez bien à admirer votre en-cas la prochaine fois
que vous en croquerez une au goûter, sinon vous gaspillez inutilement une des
deux fonctions premières de ce fruit merveilleux.
Il faut dire
qu’elle n’était pas aidée par le manuel, incontestablement le moins bon des
trois que nous utilisions. Il nous a quand même fallu apprendre le mot
« poupée en forme de poisson », qui ne peut sans doute décrire qu’une
seule chose au monde, donc voilà, si vous trouvez du vocabulaire plus inutile
que ça faites-moi signe.
Une des mascottes des JO Beijing 2008, et accessoirement seule et unique application possible du mot "poupée en forme de poisson"
Plus intolérable encore était sa manie de poser des questions sans intérêt aucun, du type « il suffit de lire la phrase correspondante dans le texte». Elle tendait alors niaisement la main vers la classe en demandant dans le vide pendant 1 min 30 « qui peut répondre ? quiiiii ? ». Comme bien sûr personne ne voulait faire l’effort de réagir, elle en était contrainte à prendre des mesures désespérées comme :
1.
M’interroger moi parce que mon gogol
de voisin me pointait du doigt, hilare, en mode « lui ! lui !
Tianxiang il veut répondre ! »
2. nous
poser la question immédiatement après
que la classe ait lu la phrase correspondante dans le texte.
Exemple :
Nous :
« Aujourd’hui Mali a invité Dawei au musée des Beaux Arts. Dawei aime le
dessin parce que c’est joli. Il… »
Elle :
« Ma question est : pourquoi Dawei aime-t-il le dessin ? »
Nous :
« Da-wei ai-me le des-sin par-ce que c’est jo-li »
Elle :
« Très bieeeen ! »
Comme si
cela ne suffisait pas, elle s’acharnait à nous faire discuter par petits groupe
de deux ou trois certaines questions - toujours dénuées d’intérêt - et en
particulier sa célèbre interrogation 难不难, prononcée « n’âne pou
n’ââââââne ?? », et qui signifie « c’est dur ou
paaas ? ». En gros, après chaque exercice, on devait se
demander : « alors, c’est dur ??? Ou pas ??? ».
J’ai au fil du temps développé la théorie suivante : son anglais pourri et
sa pédagogie médiocre l’empêchant d’expliquer quelque point de grammaire que ce
soit par elle-même, elle nous faisait discuter de cette question pour que nous
puissions éclaircir nos doutes entre nous. En cours, il nous arrivait
effectivement que nous finissions par la couper pour expliquer en anglais à un
camarade en difficulté une nuance de langage qui lui échappait, ce à quoi elle ne
pouvait répondre que par « merci », ce qui est quand même le comble
de l’impuissance, et me pousse à questionner le bienfondé de son choix de
carrière.
Je dis ça
sans méchanceté, car elle était dans le fond bien gentille. A Noël, elle était
venue enroulée dans une écharpe bicolore rouge-bleue hideuse avec des petits
rennes (peut-être tricotée par ses soins), et nous avait chanté une chanson
chinoise – sans oublier de mimer les paroles en mode « je regarde au
loin » ou encore « je m’envole ». Je ne lui souhaite donc qu’une
chose : une retraite heureuse, mais prochaine.
J'avoue que j'ai un peu exagéré avec le double menton, mais c'est par pure vengeance. Quand je l'ai recroisée la semaine dernière, et même si nous nous bloquions le passage mutuellement, elle a fait semblant de ne pas me voir. Alors même qu'elle a offert des chocolats à mon ami japonais du semestre précédent.
Il a toujours été son chouchou de toute façon. Sans doute depuis le jour où l'intégralité de la classe a décidé de sécher et s'est éclipsée après le cours de speaking, à l'exception de ce bon vieux camarade nippon qui a eu droit à un cours en tête à tête - quel veinard dis donc.
Les autres professeurs feront l'objet du prochain article !