mercredi 13 mars 2013

Mes profs (fall semester) - part 1


Bon… Le deuxième semestre commence déjà et j’ai à peine commencé à parler du premier… Que faire, réfléchissons…


Et bien oui, l’avantage c’est que je peux maintenant résumer dans cet article tout ce que j’ai eu à dire au fil du semestre précédent sur mes cours et mes professeurs, et conclure intelligemment avec tout le recul accumulé ! Qu’est-ce que je suis malin dis donc !

Comme je l’ai dit, une fois le nombre de mes camarades réduits à 8, j’ai un peu pris peur. D’abord parce que 8 c’est peu, mais aussi parce qu’après avoir étudié le chinois pendant trois ans au lycée, j’avais l’impression d’avoir un peu d’avance (genre trois ans quoi) sur le reste de la classe, qui pour la plupart n’avait jamais assisté à de véritables cours de chinois. Or ma théorie était la suivante : « pour être tiré vers l’avant, mieux vaut être dans une classe de haut niveau, quitte à être attaché par les pieds et traîné à terre par la tête du troupeau ».

Bien que mes camarades n’aient pas mis bien longtemps à me rattraper, niveau challenge, ça allait. Disons que mes notes dans chacune des matières ont été respectivement de 98%, 98% et 98%. Ce qui n’empêche pas que j’ai appris énormément de choses. En fait, ma réussite s’explique essentiellement par la méthode de travail EX-EM-PEU-LAIREUH que j’ai mise en place (oui je me la pète parce que contrairement à l’année dernière elle ne consiste pas à faire des pauses d’un quart d’heure entre chaque minute de travail).

Bon je n’ai rien inventé hein, je n’ai fait qu’utiliser un spaced repetition software qui répond au doux nom d’Anki.

Mais qu’est-ce qu’un spèïsse de répéticheune soafetouère, me demandez-vous ?

Et bien c’est un logiciel qui repose sur le principe scientifique prouvé selon lequel pour retenir une chose il faut la rabâcher jusqu’à ce qu’elle nous sorte par les yeux. Mais là où Anki devient génial c’est qu’il propose un rabâchage intelligent.

Voici comment se présente le logiciel.

Il te montre une « carte » avec par exemple un caractère chinois, ou un mot anglais à traduire, et ne donne la réponse que lorsqu’on appuie sur un bouton.

Mais en fonction de la difficulté qu’on éprouve à répondre, on peut appuyer sur plusieurs boutons qui ont les significations suivante :

Mais c’est trop izi loool ! -> Révision dans 4 mois.

Mais c’est trop izi ! ... Attends j’réfléchis… Mais vazy AT-TAN j’te dis, j’y suis presque, tu m’Ankiquines à la fin ! C’est bon j’ai trouvé… -> Révision dans 1 semaine.

AAaaarhh nooon pas encore, mais c’est quoi ce mot ?! Tuez-mooOôiiiii… -> Révision dans 5 minutes, et encore dans 5 minutes, et encore, et encore, jusqu’à mémorisation du mot ou internement en hôpital psychiatrique.

En appliquant cette méthode d'intervalles à durées variables, au moment où ton cerveau s’apprête à oublier quelque chose, BAM tu le choppes en flagrant délit et tu lui hurles dessus « non non, tu retiens ! », ce qui s’avère plutôt efficace (haha, ça lui apprendra, non mais).

En revanche c’est un chouya rébarbatif et puis surtout, il faut bien passer une petite heure par jour à rentrer manuellement dans le logiciel tous les mots appris en cours.

Car ne l’oublions pas, je n’ai pas passé mon semestre à étudier en ermite dans ma grotte, j’ai bel et bien eu des cours qu’il convient maintenant de décrire.

Il faut savoir que les cours de chinois, d’après mon expérience, suivent tous un même modèle extrêmement standardisé : apprentissage du nouveau vocabulaire, lecture à haute voix du texte (en chœur comme des robots - c’est un peu la version vocale de la marche au pas), puis étude de la grammaire. Ensuite, les professeurs sont largement responsables de l’intérêt du cours, par la clarté de leurs explications, par la qualité de leurs supports de cours, et par les exercices et contrôles de connaissances qu’ils mettent en place.

Par exemple, la première prof que je vais vous décrire plus en profondeur, était, sur l’intégralité de ces points, nulle à chier.



S’il y a bien une prof sur laquelle mon opinion est restée à peu près constante au cours du semestre, c’est la prof de General Chinese. Cette chère Lu Laoshi (Professeur Lu), très vite surnommée Lao Laoshi (Professeur Vieille) par l’ensemble de ma classe, n’aura évolué qu’imperceptiblement dans mon estime, passant de « nulle » à « franchement nulle ».

Elle n’a pourtant pas fait preuve de l’autoritarisme dont je la soupçonnais au début, mais au contraire de méthodes pédagogiques vieillies et aussi inutiles à son autorité que le sont des ailes à l’envol d’une autruche.

Déjà, ne sachant pas expliquer, elle ne le faisait tout simplement pas, ce qui étant un tantinet problématique vu son métier. Son seul ressort était ses exemples, tous plus inutiles les uns que les autres puisqu’au lieu de développer ou de paraphraser leur sens à l’aide de synonymes, elle les déclinait à l’infini, du genre :

« J’ai *mot mystère* manger cette pomme. J’ai *mot mystère* boire cette bouteille. J’ai *mot mystère* lire ce livre. J’ai… »

Au final on ne savait toujours pas si le mot mystère voulait dire « fini de », « prévu de » ou « unilatéralement et anticonstitutionnellement prohibé sous peine de mort de », et on en était réduit à chercher dans le dictionnaire.

Précisons aussi qu’elle nous sortait toujours des exemples dénotant aussi bien sa niaiserie que son manque d’imagination (soit dit en passant, le dessin de la note précédente est 100% véridique, nous avons effectivement étudié ce mot et cette phrase précise lors du premier cours). Par exemple, chaque fois qu’elle voulait illustrer le point de grammaire « non seulement… mais aussi… », elle prenait la pose de Hamlet contemplant son crâne et déclamait : une pomme, on peut non seulement la manger mais aussi la REGARDER. Voilà. Donc pensez bien à admirer votre en-cas la prochaine fois que vous en croquerez une au goûter, sinon vous gaspillez inutilement une des deux fonctions premières de ce fruit merveilleux.

Il faut dire qu’elle n’était pas aidée par le manuel, incontestablement le moins bon des trois que nous utilisions. Il nous a quand même fallu apprendre le mot « poupée en forme de poisson », qui ne peut sans doute décrire qu’une seule chose au monde, donc voilà, si vous trouvez du vocabulaire plus inutile que ça faites-moi signe.


Une des mascottes des JO Beijing 2008, et accessoirement seule et unique application possible du mot "poupée en forme de poisson"

Plus intolérable encore était sa manie de poser des questions sans intérêt aucun, du type « il suffit de lire la phrase correspondante dans le texte». Elle tendait alors niaisement la main vers la classe en demandant dans le vide pendant 1 min 30 « qui peut répondre ? quiiiii ? ». Comme bien sûr personne ne voulait faire l’effort de réagir, elle en était contrainte à prendre des mesures désespérées comme :


1. M’interroger moi parce que mon gogol de voisin me pointait du doigt, hilare, en mode « lui ! lui ! Tianxiang il veut répondre ! »

2. nous poser la question immédiatement après que la classe ait lu la phrase correspondante dans le texte.

Exemple :

Nous : « Aujourd’hui Mali a invité Dawei au musée des Beaux Arts. Dawei aime le dessin parce que c’est joli. Il… »
Elle : « Ma question est : pourquoi Dawei aime-t-il le dessin ? »
Nous : « Da-wei ai-me le des-sin par-ce que c’est jo-li »
Elle : « Très bieeeen ! »

Comme si cela ne suffisait pas, elle s’acharnait à nous faire discuter par petits groupe de deux ou trois certaines questions - toujours dénuées d’intérêt - et en particulier sa célèbre interrogation 难不难, prononcée « n’âne pou n’ââââââne ?? », et qui signifie « c’est dur ou paaas ? ». En gros, après chaque exercice, on devait se demander : « alors, c’est dur ??? Ou pas ??? ». J’ai au fil du temps développé la théorie suivante : son anglais pourri et sa pédagogie médiocre l’empêchant d’expliquer quelque point de grammaire que ce soit par elle-même, elle nous faisait discuter de cette question pour que nous puissions éclaircir nos doutes entre nous. En cours, il nous arrivait effectivement que nous finissions par la couper pour expliquer en anglais à un camarade en difficulté une nuance de langage qui lui échappait, ce à quoi elle ne pouvait répondre que par « merci », ce qui est quand même le comble de l’impuissance, et me pousse à questionner le bienfondé de son choix de carrière.

Je dis ça sans méchanceté, car elle était dans le fond bien gentille. A Noël, elle était venue enroulée dans une écharpe bicolore rouge-bleue hideuse avec des petits rennes (peut-être tricotée par ses soins), et nous avait chanté une chanson chinoise – sans oublier de mimer les paroles en mode « je regarde au loin » ou encore « je m’envole ». Je ne lui souhaite donc qu’une chose : une retraite heureuse, mais prochaine.



J'avoue que j'ai un peu exagéré avec le double menton, mais c'est par pure vengeance. Quand je l'ai recroisée la semaine dernière, et même si nous nous bloquions le passage mutuellement, elle a fait semblant de ne pas me voir. Alors même qu'elle a offert des chocolats à mon ami japonais du semestre précédent.


Il a toujours été son chouchou de toute façon. Sans doute depuis le jour où l'intégralité de la classe a décidé de sécher et s'est éclipsée après le cours de speaking, à l'exception de ce bon vieux camarade nippon qui a eu droit à un cours en tête à tête - quel veinard dis donc.

Les autres professeurs feront l'objet du prochain article !