vendredi 26 octobre 2012

Premières impressions

Rien d’étonnant, mais mes premières impressions ne reflètent pas la réalité du campus et de l’université en général.

Après avoir revêtu un ensemble short-tongs-pas-chemise-à-fleurs-quand-même-mais-presque, je suis parti en exploration sans plus attendre.

Avant de quitter la France, j’avais eu la bonne idée de télécharger Osmand sur mon téléphone. Application géniale (même si les graphismes sont dignes d’un daltonien, voire des années 1990), qui me permet d’accéder gratuitement et hors ligne aux cartes détaillées de toutes les grandes villes de Chine.

Et au moment-même où j’ai mis un bout d’orteil dehors, j’en ai eu besoin. Parce que les campus chinois, en vrai, c’est pas de la gnognotte – sans compter que Tsinghua a probablement le plus grand campus de tout Beijing.

Pour vous donner une petite idée, voici la carte du campus telle que je l’avais longtemps étudiée avant mon départ (clique si tu veux, t'es pas obligé hein).






Maintenant ce petit carré vert là,




Ben c’est 14 terrains de tennis.

Voili voilou.

Mis à part les problèmes d’échelle (qui se résolvent un peu quand on a un vélo), autre petit détail surprenant : tous les étudiants en uniforme militaire, alignés dans la rue sans qu’une oreille ne dépasse, qui se mettent soudainement à marcher au pas en hurlant « 一,二,三, 一,二,三, … ». La première fois  j’ai changé de trottoir en craignant qu’ils ne me tirent dessus pour délit d’occidentalisme, mais en fait j’ai rapidement réalisé qu’en guise d’armes à feu ils avaient tous leurs gourdes de thé Hello Kitty (bon en vrai j’ai pas vu de Hello Kitty mais vous admettrez que les petites gourdes de thé glacé ça atténue légèrement l’image guerrière quand même).


(Malheureusement j'ai pas pris de photo. Oui, en Chine, les filles se tiennent souvent la main, c'est véridique.)

Pendant près d’une semaine j’ai cru que c’était l’uniforme de l’université et qu’ils gueuleraient sous ma fenêtre tous les jours en faisant leurs exercices quotidiens, mais en fait au bout d’une dizaine de jours toutes les tenues camouflages ont disparu du campus.

En fait c’est une sorte de formation de deux semaines à deux mois (selon les universités) que tous les étudiants suivent une fois dans leur scolarité, pour leur apprendre à être réactifs, à obéir aux ordres, à marcher au pas etc. Voilà. Estimez-vous heureux d’avoir l’explication tout de suite, j’ai mis un mois et demi à élucider le mystère.

Lors de mon premier jour d’exploration, après m’être perdu et juste avant d’abandonner les recherches, j’ai quand même réussi à trouver le supermarché qui se trouve au sous-sol du bâtiment dans lequel j’ai cours (mais ça, je ne le savais pas encore).

La première fois que j’y ai mis les pieds, j’ai été émerveillé par l’étrangeté et l’exotisme des produits que j’y ai trouvé, j’ai déchiffré laborieusement les caractères présents sur les emballages, je me suis perdu dans les rayons…

Maintenant je suis blasé. Des biscuits parfum chocolat-poulet ? Normal.

C'est grâce à ce supermarché que j'ai pu survivre aux premiers jours, en me nourrissant de nouilles instantanées matin, midi et soir (bon ok, pas matin).

Bien sûr, mon exploration ne s'est pas arrêtée là, mais ceci est une autre histoire un autre article.

dimanche 21 octobre 2012

Bon OK, c'est pas tout à fait comme chez toi...

Comme je l'ai dit, mon sommeil est en grande partie conditionné par les horaires de l'eau chaude. Mais le facteur principal est tout de même le lit. Il faut savoir que les Chinois ont une conception un peu particulière du sommier. A la souplesse des lattes multiples, ils préfèrent la brave robustesse de la bonne vieille latte unique.

En gros je dors sur une planche de bois.

Bon allez, je suis médisant, la planche est recouverte par deux super "matelas" d'environ 2 centimètres d'épaisseur chacun.

(Je mets une photo pour prouver que c'est véridique)(clique).

Le plus dingue c'est que, pour être honnête, on dort super bien sur ce truc (à condition d'éviter certaines positions, histoire de pas se réveiller avec une ou deux côtes brisées).

Vous pouvez remarquer sur la photo une mystérieuse invention de couleur bleue qui n'est autre qu'un crochet fabriqué avec un bout de ficelle, auquel je pends mes lunettes, faute de table de nuit.

Je sais que des ingénieurs de la NASA lisent mon blog (ça ne saurait tarder en tout cas), et qu'ils sont impressionnés par un tel niveau de technicité. Écoutez, je ne suis pas intéressé par un poste pour l'instant, mais en fonction du salaire proposé je suis prêt à discuter.

Vous remarquerez aussi que j'ai gardé le masque de sommeil de l'avion, parce que mes rideaux laissent passer 99,9% de la lumière du matin (sachant que le soleil se couche à 17h30 ici, je vous laisse deviner à quelle heure il se lève, le fourbe).

Au niveau de la "cuisine", seules 3 choses m'ont été fournies : une bouilloire électrique, un évier (eau froide) et un espace de travail de 4 millimètres carrés, c'est-à-dire le top du top pour se faire à manger et faire la vaisselle.

Les premiers jours, je me suis nourri exclusivement de nouilles instantanées, vu que c'était la seule chose que je pouvais cuisiner dans ces conditions. Et puis au bout de quelques jours (genre... quinze...) j'ai fait une overdose, je me suis équipé convenablement et j'ai testé les diverses cantines du campus.

On peut voir sur les différentes photos que tous les meubles sont équipés d'emplacements à cadenas. C'est parce que le ménage est fait tous les deux jours. C'est-à-dire qu'un jour sur deux, deux chinoises errent dans le couloir dès 8h du matin en mode Sheldon (de The Big Bang Theory). Si tu n'as pas mis ton petit écriteau "do not disturb" à ta porte, elles frappent trois coups, gueulent un truc du genre "room service" (en chinois), refrappent, regueulent, avant de débarquer dans ta chambre. Évidemment elles hurlent suffisamment fort pour te réveiller à chaque chambre qu'elles font. Et quand je dis "faire une chambre", ça veut dire qu'elles viennent verser un seau d'eau sur le sol, puis passer un coup de balai humide et noir de crasse en évitant soigneusement de nettoyer les coins et les tâches.

Mais bon je vais pas me plaindre (mince, trop tard !). Le bon côté des choses c'est qu'un jour sur deux je dois leur préparer le terrain, ce qui m'oblige à ranger et à nettoyer ce qu'elles ne nettoient pas (c'est-à-dire quasiment tout).

A titre d'information, pour ce logement je paie 80RMB par jour (plus ou moins 10€). Les étudiants chinois sur le campus paient 10 à 20 fois moins cher, mais leurs chambres ne sont bien sûr pas du tout au même standard.




 Le tour du propriétaire est enfin terminé ! Je sais que certains trépignent d'impatience en attendant des photos intéressantes du campus et plus généralement de Beijing. Ça arrive bientôt ! Dans peut-être 5 ou 10 articles ? 

Spéciale cassdédie à Roxane pour avoir posté le premier commentaire sur ce blog (non, t'as rien gagné, déso).


vendredi 19 octobre 2012

Fais comme chez toi

Me voilà donc débarqué en terre inconnue, chargé de ma valise-enclume et de mes 10 kilos de sac à dos.

Bien sûr j'étais parti avec ma veste sur moi -en plein mois d'août- parce que si je l'avais mise dans ma valise, cette dernière aurait explosé pour cause de surremplissage. J'ai été bien avisé de ne pas partir avec mon manteau d'hiver sur le dos, parce que quand je suis arrivé à Beijing il faisait environ 46°C, en mode "sauna de plein air" (sauna sec, le genre qui te fait transpirer quelques dizaines de litres par seconde).

Donc je me traîne comme une loque jusqu'à l'entrée du bâtiment 21, mais une réceptionniste m'intercepte et m'apprend en anglais (ouf) que pour savoir où j'habite, il faut que j'aille faire le check-in au bâtiment 19.

Flûte, ne me dis-je pas car j'utilise généralement un autre mot.

Je rampe donc deux interminables blocks, sous le cagnard, avant d'arriver au fameux building 19. Au guichet, quelque peu refroidi par ma conversation ratée avec le taxi, je me contente de parler anglais, et tout se passe sans souci : je paie et je récupère la clef de ma chambre, qui COMME PAR HASARD se trouve au bâtiment 21.

Retour à la case départ. Une armée de réceptionnistes m'attend au guichet, et l'une d'entre elles me demande une photo d'identité pour le registre des locataires. Mais je n'en ai pas assez, alors je demande où je peux en prendre d'autres. En anglais d'abord, mais comme elle ne maîtrise pas je passe au chinois, que j'anti-maîtrise (oui, il fallait inventer un mot pour exprimer ma nullité). Au final elle n'a pas voulu m'expliquer (bon en même temps j'aurais rien compris) et je suis reparti bredouille sous le regard plus ou moins amusé de la foule des réceptionnistes (échec linguistique BIS).

Mais bon. Je suis arrivé à bon port ! Et j'ouvre avec appréhension la porte de la chambre dans laquelle je vais vivre 6 mois.

J'avais lu des rumeurs plus ou moins horribles sur ces dormitories, mais en fait c'est assez clean, pas très vieux et plutôt spacieux.

Il est grosso modo 16h quand j'arrive, je me précipite donc sous la douche. Oui, parce qu'il faut savoir que le PRINCIPAL inconvénient de ma résidence c'est que l'eau chaude marche par intermittence : de 7h à 9h, puis de 15h à 17h, et enfin de 20h à 00h.
Le résultat est quand même assez tragique : je ne peux pas faire de grasse mat'. TRAGIQUE je vous dis. Des fois je me lève à 8h55, je prends ma douche et je me recouche.
Les machines à laver de l'immeuble marchent aussi à l'eau froide, c'est-à-dire qu'elles ne marchent pas.

Pour faire bref, la salle de bain est la partie la moins convaincante de ma résidence. Il n'y a pas de "bassin" de douche, l'eau se répand donc par terre et attaque le bois de la porte, qui se fait la malle par endroit en mode radeau de la méduse. La porte émet aussi un grincement tintamarresque capable de réveiller les morts, et à fortiori mes voisins vu l'insonorisation déplorable du bâtiment.


Mais bon mes toilettes ne sont pas à la chinoise (= trou), donc je ne me plains pas.

J'ai quand même le luxe d'avoir la télé, même si elle dégage suffisamment d'ultrasons pour faire imploser les tympans de tous les chiens de Beijing dès que je l'allume. En plus je suis obligé de régler le volume sur 0,0001 voire 0 histoire de pas déranger les voisins (et surtout pour pas qu'ils entendent que je ne regarde que des émissions pourries).

La suite de la description et les photos très bientôt :)

dimanche 14 octobre 2012

Intermède taxiesque, part 2

Reprenons. Mon taxi démarre et nous quittons l'aéroport.

Mais voilà qu'il se met à me faire la causette !

Comme je ne comprends absolument rien, pour qu'il répète je lui baragouine : 我没听懂 ("je n'ai pas compris").

Avec le recul, c'est déjà pas extra comme réponse, parce que pour paraître fluent il vaut mieux dire 什么? (équivalent du "comment ?" voire de l'éminemment distingué "koué ? heing ?" français).

Il répète tout de même gracieusement, et je comprends qu'il me demande tout bêtement d'où je viens. Ce à quoi je réponds un brillantissime :

我法国人。
(moi Français.)

Mais cet échange laborieux ne lui suffisant pas, voilà qu'il surenchérit avec une seconde question que je ne comprends pas non plus (pour ma défense, il avait un sale accent) et à laquelle je répond avec une assurance flagrante :  ... 









Du coup il se tait d'un coup, ce qui me laisse le temps de réfléchir et de réaliser qu'il me demandait tout simplement si c'était la première fois que je venais à Beijing (question ô combien originale en plus). Nous roulons donc dans un silence gêné jusqu'à notre arrivée à la porte Nord-Est de Tsinghua.

Un garde nous arrête et nous demande quelque chose (il y a des gardiens en uniforme partout, certains avachis sur des chaises, d'autres droits et gracieux comme des flamants roses empaillés). Le taxi se retourne vers moi, comme s'il attendait quelque chose. En réponse, je le regarde avec un air niais, un peu comme une poule qui viendrait de trouver une chaussure (non, moi non plus je ne sais pas où je vais chercher mes comparaisons).

Du coup il m'éclate de rire au nez, avant de lancer au gardien "tu vois bien qu'avec cette tête d'idiot ça ne peut être qu'un étudiant étranger" (bon OK, en vrai je ne sais pas ce qu'il a dit, mais c'était très probablement un truc du genre).

Le gardien acquiesce aussitôt ("oui t'as raison, quel gros gogol") et nous laisse passer. Deux secondes plus tard mon taxi me redemande où il doit m'emmener, et je répète, extrêmement sûr de moi : "紫荆公寓" (au bâtiment Zijing).

Et là il pointe du doigt en face de nous et me demande avec irritation : oui, mais lequel ?



On ne m'avait clairement pas prévenu qu'il y en avait plusieurs.

Il s'impatiente et je sens qu'il n'est désormais plus possible pour moi de descendre davantage dans son estime. Ce qui est relativement inquiétant dans la mesure où il va bientôt falloir que je le paie. Et je suis convaincu que si je l'agace trop il va probablement vouloir me pigeonner pour se venger.


Finalement il propose le numéro 21, et comme ça me dit quelque chose, je m'empresse d'acquiescer. Il m'annonce donc le prix, qui d'après ce que je savais ne devait pas dépasser les 130 yuans.

Et j'entends : "cent ??? yuans".
J'ai beau passer tous les mots que je connais en revue, je n'ai jamais entendu ce "???" de ma vie. "Ça y est, il me demande un milliard de dollars", me dis-je tandis que ma vie défile devant mes yeux.

Je lui fais répéter une quinzaine de fois puis finis par sortir mon portefeuille pour lui tendre les billets afin qu'il se serve (je précise que par précaution je n'avais gardé que 150 yuans dans mon portefeuille).
Je m'attends à ce qu'il me pointe un pistolet sur la tempe en me criant que ce n'est pas assez, mais en fait il prend juste 115 yuans (je comprends alors que c'est ça qu'il me disait dans son sale accent) et m'éjecte de son taxi parce qu'une Chinoise lui fait signe qu'elle a besoin de ses services.


Il me lance quand même un "byebye" avant de repartir.
Je me retourne, et je suis arrivé.

jeudi 11 octobre 2012

Intermède taxiesque, part 1

Vous voulez savoir comment sont mon université, mes cours, mon quartier ?

Bon ben je vais raconter mon voyage en taxi alors ! (Non, aucun rapport. Je fais durer le suspense.)

Une fois arrivé à l'aéroport, n'aspirant qu'à découvrir la Chine, ses traditions, son histoire et son folklore, je cours tout logiquement me poser à Starbucks.

Avant de repartir je répète deux ou trois mille fois la phrase que je dois sortir au taxi pour qu'il m'emmène à bon port : 我要到清华大学东北门的紫荆公寓 ("je veux aller au bâtiment Zijing de la porte Nord-Est de Tsinghua University"). Je l'écris même sur un bout de papier au cas où ma prononciation s'avèrerait trop mauvaise pour être compréhensible (ça allait être ma première interaction en chinois de mon séjour).

Alors que je m'apprête à prendre l'ascenseur, un type m'accoste dans un anglais irréprochable et me demande où je vais. Sauf que je sais parfaitement que c'est un "black cab", et non un taxi officiel, et que son but ultime dans la vie est de m'arnaquer.
Je m'attendais à faire de telles rencontres, et je m'étais donc bien préparé psychologiquement à briser la nuque des importuns d'un puissant coup de pied retourné (oui, je suis maître en arts martiaux et mythomane à mes heures perdues). Étrangement, dans le feu de l'action, j'oublie ce détail et je m'engouffre dans l'ascenceur en secouant la tête comme un épileptique ("non-non, laisse-moi, vilain méchant"), lui laissant malheureusement la vie sauve.

Et là je débarque devant un labyrinthe de barrières prêt à accueillir une queue d'environ 12 millions de voyageurs en attente de taxi.

Par je ne sais quel miracle, il n'y a que deux personnes devant moi, et en cinq minutes un taxi driver me prend en charge.  


Je lui donne donc ma valise, qu'il soulève d'un coup, manquant de justesse de se briser le dos et de devenir paraplégique à vie. Prenant conscience du poids de mon précieux bordel, il fait un commentaire en chinois, et comme je suis certain de ne pas entendre le mot "valise/bagage", je le soupçonne immédiatement de l'avoir remplacé par quelque chose du genre "#!§\@^% (fichtre), il a planqué un sous-marin nucléaire dedans ou quoi ?". 

Clairement à cet instant il n'a pas une très haute estime de moi.


Une fois assis je récite avec soin ma destination.

Et c'est dit avec une telle maîtrise que non seulement il comprend, mais en plus il réalise que je parle chinois !



Alors on prend la route.


mardi 9 octobre 2012

J-0

Le jour du départ

En fait, le moment où tu réalises que tu t’en vas pour un an, c’est quand tu dois continuer à fouler le sol de l’aéroport avec ton passeport et ta carte d’embarquement, alors que ta famille reste derrière à te faire des signes de la main.

Et puis après il est trop tard pour faire machine arrière.

Et d’un seul coup tu es dans l’avion avec les autres passagers (90% de Chinois). Bien sûr les plus bruyants d’entre eux sont ceux qui jouent aux cartes dans la rangée d’à côté, et tu as oublié d’emporter des boules Quiès.

J’ai choisi Air China plutôt qu’Air France parce que c’était environ trois fois moins cher. L’avion est en fait tout aussi bien et quelques places restent vides, ce qui s’avère plutôt agréable si celle d’à côté l’est.
Chaque passager a son écran personnel pour écouter de la musique ou se gaver de films (au bout du premier film j’ai cassé le mien mais bref).








Et puis tu descends de l’avion et c’est un nouveau monde qui se présente à toi. L’aéroport est immense.

Alors, on pourrait se dire qu’avec de telles infrastructures tout serait fluide et rapide mais en fait pas du tout, tu dois quand même faire la queue (ça ressemble plus à une marée humaine mais bon) pendant une heure, juste pour qu'un type regarde ton visa et prenne une photo de toi.















Ensuite il faut prendre un monorail qui t’emmène MEGA LOIN pour récupérer tes bagages.

Inutile de le préciser, les miens étaient lourds, si lourds que j’ai dû payer des frais supplémentaires. Genre 110€ de frais. J’avais fourré 28kg de vêtements, médicaments, appareils électriques, objets divers et bidules inutiles dedans. J’avais vraiment peur d’oublier quelque chose ou de partir sans LE truc crucial. J’aurais pris un marteau piqueur avec moi si j’avais pu.



Bien sûr je ne l’ai pas fait, mais comme je suis un peu gogol j’ai bien pris soin d’emporter dans mon bagage cabine un couteau suisse, une paire de ciseaux et un scalpel (pour faire des cartes de vœux, je précise. Je ne suis pas tueur en série dans mon temps libre). Tous ces objets essentiels m’ont été confisqués, ce qui, aujourd'hui encore, est un souvenir éminemment douloureux pour moi (je pleure toutes les nuits en repensant à ce sombre épisode de ma triste vie).

Une fois confisqués ces bienaimés ustensiles, j’ai dû refermer mon sac ce qui m’a pris une éternité et demie vue que j’y avais empilé (à la "Tetris") 9,999kg de bordel (après avoir vu le poids de ma valise, le guichetier de la compagnie aérienne m’a fait peser mon bagage à main « pour voir ». La limite c’était 10kg).

Bref, j’avais tellement peur de m’être fait piquer ma valise pendant que je faisais la queue à l’autre bout de l’aéroport que je me suis à peu près mis à courir. Qu’allais-je faire sans mes vêtements, mon mug en plastique et mes cotons-tiges ? IN-DIS-PEN-SABLES.

Bien sûr, c’était de la pure paranoïa : quand je suis finalement arrivé (en dernier), ma valise m’attendait sagement en tournoyant sur le tapis roulant.


Ce n'est qu'un visa...




Avant de raconter les détails de mon séjour ici, je tiens à préciser que non, je n'ai pas préparé mon voyage dans la plus grande sérénité. Et je dois remercier mes parents qui m'ont patiemment supporté soutenu pendant ces moments ô combien difficiles.

Pour la petite anecdote, j'ai longtemps hésité dans le choix de mon nom chinois, entre 天祥 et 恬, qui veut dire "calme, paisible, tranquille, etc. etc.".
Ce qui m'a aidé à choisir, c'est mon état à un mois du départ, alors que je devais finaliser toutes les démarches administratives : inscription, assurance... et surtout demande de visa.






- Ca va ? demandent avec bienveillance les parents de Tianxiang.
- Oui*, répond Tianxiang comme si on venait de lui arracher un bras et trois jambes.
- ... Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquièrent ses géniteurs avec perspicacité.
- Je demande un visa de 6 mois alors que mon retour en avion est dans 1 an, le centre des visas répond à mes mails comme une bande de lamas manchots et ma lettre d'admission est écornée.
- Ah mais c'est pas grave ça, ils diront rien les gens du centre de visa.
- ENFIN MAIS VOUS NE VOYEZ PAS QUE C'EST LA FIN DU MONDE ?!


*S'il faut que tu lises l'astérisque pour comprendre que ça veut dire "non", j'ai pas fini d'écrire des notes de bas de page, moi...



Après avoir payé une fortune pour monter à Paris, je débarque au fameux centre de visa, qui s'avère être une simple usine à pognon respectés voyageurs. Procédons étape par étape :

1. Tu prends un petit ticket numéroté et tu attends ton tour, puis tu vas au guichet et tu donnes tes papiers.
3. Tu reviens quelques jours plus tard. Une Chinoise (ils sont tous chinois là-bas de toute façon) te dit quelle somme folle tu dois payer (par exemple elle a dit au type derrière moi : "3940 euros". Ça devait être un visa "contrebandier officiel" ou "terroriste professionnel", je ne vois pas d'autre explication).
4. Tu paies en pleurant toutes les larmes de ton corps.
5. Tu repars avec ton passeport visafié.






En ce qui concerne mes inquiétudes, et bien j'avais raison. Ils ont bel et bien dit quelque chose.

Ils ont dit : "c'est pas grave". Ce qui est un peu leur devise en fait.

C'est-à-dire que quand je suis arrivé tout stressé, avec mes formulaires remplis aussi religieusement que des œuvres d'art (j'avais même fait un brouillon pour être sûr de pas me tromper en cochant les cases et tout), et ben ça s'est passé à peu près comme ça :

- B... Bonjour...Bon alors par contre, j'étais pas sûr de ce que je devais répondre à la question 3, à la 12, et à la 975 C alinéa 40. Parce qu'en fait voyez-vous...
- C'est pas grave.
- Mais... Mais mon cas ne rentre pas dans les cases...
- C'est pas grave, tu vois je prends ta feuille remplie avec soin et amour, et je vais tout raturer avec mon gros stylo de rustre, ça va passer.*


*Retranscription approximative.




Hein ? Nan mais rêve pas, je ne reconnaîtrai jamais que j'avais tort.