dimanche 14 octobre 2012

Intermède taxiesque, part 2

Reprenons. Mon taxi démarre et nous quittons l'aéroport.

Mais voilà qu'il se met à me faire la causette !

Comme je ne comprends absolument rien, pour qu'il répète je lui baragouine : 我没听懂 ("je n'ai pas compris").

Avec le recul, c'est déjà pas extra comme réponse, parce que pour paraître fluent il vaut mieux dire 什么? (équivalent du "comment ?" voire de l'éminemment distingué "koué ? heing ?" français).

Il répète tout de même gracieusement, et je comprends qu'il me demande tout bêtement d'où je viens. Ce à quoi je réponds un brillantissime :

我法国人。
(moi Français.)

Mais cet échange laborieux ne lui suffisant pas, voilà qu'il surenchérit avec une seconde question que je ne comprends pas non plus (pour ma défense, il avait un sale accent) et à laquelle je répond avec une assurance flagrante :  ... 









Du coup il se tait d'un coup, ce qui me laisse le temps de réfléchir et de réaliser qu'il me demandait tout simplement si c'était la première fois que je venais à Beijing (question ô combien originale en plus). Nous roulons donc dans un silence gêné jusqu'à notre arrivée à la porte Nord-Est de Tsinghua.

Un garde nous arrête et nous demande quelque chose (il y a des gardiens en uniforme partout, certains avachis sur des chaises, d'autres droits et gracieux comme des flamants roses empaillés). Le taxi se retourne vers moi, comme s'il attendait quelque chose. En réponse, je le regarde avec un air niais, un peu comme une poule qui viendrait de trouver une chaussure (non, moi non plus je ne sais pas où je vais chercher mes comparaisons).

Du coup il m'éclate de rire au nez, avant de lancer au gardien "tu vois bien qu'avec cette tête d'idiot ça ne peut être qu'un étudiant étranger" (bon OK, en vrai je ne sais pas ce qu'il a dit, mais c'était très probablement un truc du genre).

Le gardien acquiesce aussitôt ("oui t'as raison, quel gros gogol") et nous laisse passer. Deux secondes plus tard mon taxi me redemande où il doit m'emmener, et je répète, extrêmement sûr de moi : "紫荆公寓" (au bâtiment Zijing).

Et là il pointe du doigt en face de nous et me demande avec irritation : oui, mais lequel ?



On ne m'avait clairement pas prévenu qu'il y en avait plusieurs.

Il s'impatiente et je sens qu'il n'est désormais plus possible pour moi de descendre davantage dans son estime. Ce qui est relativement inquiétant dans la mesure où il va bientôt falloir que je le paie. Et je suis convaincu que si je l'agace trop il va probablement vouloir me pigeonner pour se venger.


Finalement il propose le numéro 21, et comme ça me dit quelque chose, je m'empresse d'acquiescer. Il m'annonce donc le prix, qui d'après ce que je savais ne devait pas dépasser les 130 yuans.

Et j'entends : "cent ??? yuans".
J'ai beau passer tous les mots que je connais en revue, je n'ai jamais entendu ce "???" de ma vie. "Ça y est, il me demande un milliard de dollars", me dis-je tandis que ma vie défile devant mes yeux.

Je lui fais répéter une quinzaine de fois puis finis par sortir mon portefeuille pour lui tendre les billets afin qu'il se serve (je précise que par précaution je n'avais gardé que 150 yuans dans mon portefeuille).
Je m'attends à ce qu'il me pointe un pistolet sur la tempe en me criant que ce n'est pas assez, mais en fait il prend juste 115 yuans (je comprends alors que c'est ça qu'il me disait dans son sale accent) et m'éjecte de son taxi parce qu'une Chinoise lui fait signe qu'elle a besoin de ses services.


Il me lance quand même un "byebye" avant de repartir.
Je me retourne, et je suis arrivé.

1 commentaire:

  1. Enoooorme ! T'inquiète dans un an ils pourront plus parler dans ton dos !
    Et surtout continue le blog il est génialement drôle x)

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